Le Congrès des Citoyens Libres (en abrégé « Congrès Citoyen ») remarque, pour le regretter, la tendance au huis clos d’un Dialogue National s’affirmant de plus en plus comme un monologue exclusif, et non plus comme le « dialogue » libre et transparent des forces vives de la Nation qui avait été promis aux populations du Gabon par les autorités de la Transition.
La quasi-interdiction des médias aux travaux des commissions de ce dialogue apparaît ainsi comme un fait anachronique qui vient contredire le caractère démocratique et transparent qui aurait dû ressortir d’un événement supposé permettre aux Gabonais et Gabonaise de « se parler », librement et en toute transparence, devant médias.
Faut-il ici rappeler que les médias, en tant qu’organes de communication et de propagation de l’actualité nationale, représentent un des piliers de gouvernance de tout pays se voulant démocratique, et que sans accès aux médias, un dialogue comme celui en cours au Gabon perd tout le sens démocratique et démocratisant que le premier ministre Raymond Ndong Sima avait voulu lui donner en septembre 2023, lorsqu’il exprima son désir pour une Transition de deux ans et une Assemblée constituante issue des forces vives de la Nation ?
Le huis clos qui caractérise le dialogue national du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) est d’autant plus surprenant qu’il vient contredire les principes de transparence édictés dans la Charte de la Transition, qui exigeait et exige toujours, en ses articulations juridico-constitutionnelles, une participation libre et sans fards des forces vives de la nation au dialogue national ? Ne nous trouvons-nous pas aujourd’hui dans le contexte d’une autre violation, l’énième violation, par le CTRI et le général Oligui eux-mêmes, de leur propre Charte de la Transition ?
Le Congrès Citoyen, à ce titre, ne peut s’empêcher de noter que, dans sa forme aujourd’hui exclusive tout autant que dans son fond qui s’évite de discuter des vrais problèmes, à l’instar du refus des autorités de la Transition d’organiser une Commission Vérité et Réconciliation, le dialogue national se révèle être ni transparent ni libre, et encore moins inclusif. Bien au contraire, le dialogue national en cours au Gabon n’est ni libre ni indépendant, et encore moins souverain ou constituant. Or, un événement comme celui-ci, que l’on présente, dans certains cas, comme un événement devant engager et réconcilier la nation, ne saurait se concevoir en dehors de tout caractère libre, transparent, indépendant, souverain et constituant.
Le fait même de ne pas avoir permis au dialogue de se muer en Assemblée Constituante pour l’objectif d’écrire, séance tenante, une nouvelle constitution pour le Gabon, rend ce dialogue et ses résolutions radicalement inutiles pour notre pays, au vu de leur caractère non contraignant. Il est, à ce titre, déplorable, que ceux qui ont fait le fameux coup d’État présenté aux yeux du monde comme un « coup de libération » n’aient fait de la « liberté » qu’un slogan vidé de tout son sens patriotique en organisant un dialogue non libre contrôlé du début à la fin tant dans sa forme que dans ses finalités.
Il est également étonnant que ce soit sous Omar Bongo le dictateur que le pays a pu, en 1990, se doter d’une Constitution écrite librement par les forces vives de la Nation, sans faire, comme se prépare à le faire le général Oligui, de son parlement monocolore de pédégistes le parlement devant aller entériner, en aval, les résolutions constituantes de la Conférence Nationale. Il est à ce titre paradoxal que le dialogue du général Oligui et du CTRI ne permette même pas aux participants d’écrire eux-mêmes la Constitution, et, donc, de faire du dialogue national un dialogue constituant, comme ce fut le cas sous Omar Bongo avec la Conférence Nationale de 1990.
L’absence des cinq critères sus-visés – liberté, transparence, indépendance, souveraineté et constituance – fait obligatoirement du dialogue national en cours au Gabon un dialogue de dupes conçu uniquement pour asseoir le régime politique du général Brice Clotaire Oligui Nguema, dont les visées sont aujourd’hui d’accaparer le pouvoir au Gabon en manipulant tant les finalités du dialogue national que les finalités de la Transition, avec, au bout, la fraude électorale qui lui permettra de gagner l’élection présidentielle en s’appuyant sur le socle de ses nominations intempestives, nominations qui ont installé dans tout l’appareil administratif et politique du Gabon, des ministres aux maires et des conseillers municipaux aux chefs de village, des personnes dont l’objectif partisan sera d’assurer au général Oligui ses 99% des voix, comme au bon vieux temps du parti unique d’Omar Bongo.
Au vu du caractère totalement contrôlé d’un dialogue national qui, avec ses 600 participants soigneusement choisis sur le volet pour aller offrir la présidence de la République au général Oligui dans une ambiance de corruption et de partage du gâteau, le Congrès Citoyen ne peut que regretter le gaspillage des 6 milliards de francs CFA que les autorités de la Transition sont en train de dilapider, alors que cet argent aurait pu aller financer les rappels des fonctionnaires.
Le Congrès Citoyen continue d’interpeller les populations du Gabon au sursaut patriotique et invite ceux qui ne se retrouvent pas dans le dialogue pipé d’avance du général Oligui et du CTRI à participer aux « Assises Citoyennes et Patriotiques pour une véritable réforme institutionnelle » qui se tiendront du 25 mai au 1er juin 2025 à Paris (https://congrescitoyen.org/assises/), dans le but de repenser ensemble le Gabon tel qu’il doit vraiment être repensé sur le plan institutionnel, hors de tout esprit de corruption ou de manipulation partisane.
Fait le 12 avril 2024 à Montclair, New Jersey, USA
Pour le Congrès des Citoyens Libres,
Pr Daniel Mengara
Ancien président du mouvement Bongo Doit Partir
Visiter le site du Congrès Citoyen: https://congrescitoyen.org/